2023 : année nature !

2023 : année nature !
La fin de l'année 2022 a été marquée notamment par la crise énergétique et la responsabilité des villes françaises pour inverser la situation et mettre en place des démarches vertueuses. En ces temps de sobriété énergétique et de dérèglement climatique, l'invitation est lancée pour repenser la ville et imaginer une autre façon d'envisager le paysage urbain demain. Au cœur de ce nouveau paysage : la nature. Alors que 2022 apparaît comme « l'année la plus chaude jamais enregistrée en France » et un « symptôme du changement climatique »(1), les villes n'ont désormais plus guère d'autre alternative que de trouver des solutions pour offrir un cadre de vie conjuguant confort thermique et maîtrise énergétique. Dans ce contexte, la végétalisation des villes déjà amorcée depuis plusieurs années se développe à vitesse grand V. Pour le plus grand bonheur des citadins en mal de nature.

Des protections naturelles contre le soleil

Des protections naturelles contre le soleil

Végétaliser, soit, mais végétaliser intelligemment pour que le verdissement urbain soit durable. Il importe en particulier de prendre soin de choisir des espèces locales adaptées au territoire et à ses spécificités climatiques. Par ailleurs, reconstituer des îlots de nature en ville est certes une initiative pleine de bon sens, mais encore faut-il offrir aux différentes espèces plantées les conditions optimales à leur développement ? Selon Marc Barra, écologue à l’Agence régionale à la biodiversité Île-de-France (ARBIDF), « Un chêne a besoin de 25 m3 pour être en bonne santé. » Or, il constate qu'« aujourd’hui, ils n’ont généralement que 9 m3 à disposition. »

En bref, planter oui, mais planter bien si l'on veut voir les arbres et arbustes prendre racine et végétaliser les villes. Car au-delà des bienfaits indiscutables et largement démontrés de la nature sur la santé et le bien-être, les arbres en ville offrent également d'autres atouts de taille au regard des conditions climatiques de plus en plus extrêmes.

Abris fraîcheur contre les rayons du soleil et la chaleur grâce à leur feuillage, les arbres permettent également de rafraîchir l'atmosphère grâce au phénomène d'évapotranspiration par lequel ils renvoient l'eau de la terre sous forme gazeuse.

La végétalisation des villes françaises est en marche, qu'on se le dise, et c'est une très bonne chose tant qu'elle est réalisée de façon avertie et responsable. Lyon vient de lancer un plan nature consistant à planter, d'ici 2026, des forêts d'une superficie de 1 à 2 hectares en ville, et pouvant aller jusqu'à 5 hectares dans des zones moins denses et moins urbanisées. C'est ainsi une forêt de 9 600m2 qui viendra verdir le second quartier d'affaires français après La Défense, le quartier commerçant de la Part Dieu, quartier pour le moins dense et urbanisé.

Arbres en ville : action !

Arbres en ville : action !

C'est dans l'ouest de la France que l'on trouve la ville la plus « verte » de l'hexagone. Angers se distingue en effet haut la main en termes de nature urbaine. Avec 100 m2 d'espaces verts par habitant, elle compte globalement le double de la moyenne nationale (environ 40 m2 à Nantes et 30 à Bordeaux par exemple). La capitale angevine, réputée pour sa douceur de vivre, décroche donc sans aucune contestation possible la palme de la « ville la plus nature de France », et ce n'est pas  sa forêt urbaine de trois hectares qui dira le contraire...

La fraîcheur en ville, c'est une chose - et une chose non négligeable à l'heure actuelle – mais ce n'est pas la seule raison qui doit nous inciter à développer les plantations. Savoir en effet qu'un arbre adulte peut absorber jusqu’à 30 kg de CO2 par an n'a rien d'un détail anodin, surtout lorsqu'on sait que le bilan carbone de Paris atteignait 22,7 millions de tonnes d'équivalent COen 2018.

 

Et ce n'est pas tout ! La pollution est également sonore en ville. Un peu plus loin en région parisienne, la ville de Seine-et-Marne de Bussy-Saint-Georges a quant à elle validé la création d'une forêt urbaine composée de 4 000 mille arbres longeant l’autoroute A4. Objectif : réduction  du bruit comme de la pollution.

Et la nature reprit ses droits...

Et la nature reprit ses droits...

Qui mieux que les générations futures pourront inverser la tendance et remettre un peu de bon sens dans la société ? A ce titre, s'il est un lieu à ne pas négliger, ce sont les cours d'école. Partant du principe que l'on ne défend et protège que ce que l'on connaît, il semble impératif de permettre à tous les enfants de côtoyer cette nature si précieuse et si fragile d'une façon ou d'une autre. Et il apparaît, au regard du contexte actuel, qu'il s'agit d'une action d'intérêt public pour les écoles aujourd'hui de sensibiliser les enfants à l'importance de la végétalisation des villes. C'est pourquoi de plus en plus d'actions allant en ce sens se déploient ici ou là. La ville de Thorigny, en Ile-de-France, prévoit ainsi de transformer ses 5 500 m2 de cours d'école bétonnées en véritables parcs ouverts au public en dehors du temps scolaire. Une invitation à se rapprocher de la nature et, qui plus est, à créer du lien social.

Avec les cours d'écoles, les toits sont eux aussi tout indiqués pour redonner aux villes une jolie couleur verte. Arrosées par les eaux pluviales, les toitures végétalisées deviennent un isolant thermique, et régulent la chaleur. Si les toits sont de vrais îlots de chaleur urbains, les revêtements au sol le sont également. D'où l'apparition récente de revêtements anticanicule en ville. A Nice par exemple, la municipalité a pris l'option d'installer des pavés à base de coquille Saint-Jacques dans le but de retenir l'eau. Quant à Paris ou Lyon, elles ont préféré miser sur sur un bitume absorbant moins de chaleur.

C'est donc ainsi, naturellement, que la nature reprend progressivement ses droits... On sait l'importance de la lumière en ville. Et on sait aussi que la lumière peut déranger certaines espèces animales. C'est le cas notamment des chauves-souris, lesquelles avaient déserté le parc de la Citadelle à Lille, pour cause d'éclairage intempestif. Le parc est désormais équipé d’un système déclairage moins lumineux, aux tonalités orangées, qui ne se déclenche que lorsque passent des   piétons. Résultat gagnant puisqu'au-delà des chauves-souris, les insectes sont également revenus,  attirant martins-pêcheurs, hirondelles de rivage... et recréant un éco-système qui avait disparu. Si simple, finalement...


1 Source Geo. 06/01/2023.

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