Quand les villageois reprennent les rênes...
S'il est vrai qu'un village déserté par les commerces tend à se dépeupler au profit de villages ou de villes plus "attractives", on peut aussi envisager les choses sous un angle plus optimiste. Plutôt que de céder au désespoir et de baisser les bras face à cette réalité qui s'applique aujourd'hui à de nombreux villages français, il est également possible de considérer que chaque habitant a un rôle à jouer pour redynamiser son village. Plutôt que de démissionner, pourquoi ne pas adopter une attitude déterminée et relever le défi pour, d'une part, offrir les services de base aux citoyens et, d'autre part, faire preuve d'imagination pour attirer de nouveaux habitants ? C'est en effet le choix qu'ont fait certaines communes, attestant du succès de cette démarche qui peut certes paraître audacieuse à certains mais qui se révèle également payante. C'est ainsi le cas de Jaulnay, un village d'Indre-et-Loire comptant un peu moins de 300 habitants, qui a décidé de se prendre en charge et de trouver une solution à la fermeture de la boulangerie. Comment ? En créant une association afin de pouvoir ouvrir un dépôt de pain. Une boulangerie située à une vingtaine de kilomètres livre le pain à 7 heures, du mardi au dimanche, et les bénévoles se succèdent toute la matinée pour vendre du pain mais aussi des viennoiseries, des sandwiches et même des produits locaux. Avant de laisser la place au distributeur de baguettes installé sur le parking.
... ou lorsque la mairie mise sur la qualité de vie
Dans ce village de Dordogne de 400 habitants, c'est le maire et son équipe qui ont décidé de se battre pour lutter contre la désertification. A Saint-Pierre-de-Frugie, tout a commencé en 2008, après l'élection de Gilbert Chabaud à la tête de la commune. Fort du constat que sa commune avait changé et qu'elle s'était considérablement dépeuplée, il a fait le choix de la mettre en valeur. D'abord en supprimant totalement les pesticides et autres traitements phytosanitaires. Une décision pionnière qui fera boule de neige puisque l'utilisation des pesticides chimiques sera interdite quelques années plus tard, à savoir depuis le 1er janvier 2017. Mais l'élu ne s'arrête pas et, après avoir fait revenir les insectes pollinisateurs, il a l'ambition de faire revenir les habitants. Il créée d'abord un jardin partagé, entreprend des travaux de rénovation du patrimoine, ouvre de nouveaux sentiers de randonnée... toujours dans une démarche la plus respectueuse de l'environnement. Au fur et à mesure, les maisons retrouvent des occupants et le village se repeuple. Reste à rouvrir l'école. Et là encore, plutôt que d'accepter le refus du rectorat, le maire sollicite une enseignante désireuse de créer une école Montessori. Nouveau succès et ce sont aujourd'hui une vingtaine d'élèves qui sont accueillis, font revivre l'école municipale... et le village !