Lille et son offensive contre l’occupation illégale de l’espace public
À Lille, la mairie a pris le problème à bras-le-corps dès 2022. Les boîtes à clés, installées sans autorisation sur les poteaux, les grilles et les façades, ont été considérées comme une privatisation abusive de l’espace public. La ville a rapidement organisé des campagnes de retrait, menées par ses services municipaux, avec pour objectif de nettoyer les rues de ces installations encombrantes. Jacques Richir, adjoint en charge de l’espace public, a justifié cette action par la nécessité de préserver l’esthétique urbaine et d’éviter les nuisances liées aux allées et venues des touristes à toute heure de la journée et de la nuit.
Cette politique s’inscrit dans un cadre plus large de régulation du marché locatif à Lille, où la tension immobilière est forte. La ville impose déjà une déclaration obligatoire pour toute location touristique de courte durée et veille à ce que les résidences principales ne soient pas transformées en hôtels clandestins au détriment des habitants permanents.
Annecy : préserver le patrimoine et l’habitat local
À Annecy, où le tourisme est une ressource économique majeure, l’augmentation des locations de courte durée a eu des conséquences directes sur le prix du logement. L’explosion du nombre de boîtes à clés a renforcé les craintes de voir la ville devenir un terrain privilégié pour les investisseurs au détriment des habitants. Dès 2022, la municipalité a exigé le retrait de ces dispositifs lorsqu’ils étaient placés sur le mobilier urbain ou dans des lieux publics, considérant qu’ils constituaient une appropriation illégale de l’espace.
Cette mesure vise à éviter une dégradation du cadre de vie et à garantir un accès au logement pour les résidents. En parallèle, Annecy a mis en place une politique de limitation du nombre de jours autorisés pour les locations de courte durée, alignée sur les mesures adoptées dans d’autres villes touristiques comme Lyon ou Nice.
Paris et sa traque aux boîtes à clés
La capitale française est l’une des villes les plus touchées par l’essor des locations touristiques de courte durée, avec plusieurs dizaines de milliers d’annonces actives chaque année. Face aux abus, la municipalité a renforcé sa réglementation en interdisant l’installation de boîtes à clés sur le mobilier urbain en janvier 2025.
Les autorités encouragent les habitants à signaler ces dispositifs via l’application "DansMaRue", facilitant ainsi leur identification et leur retrait. Cette initiative fait partie d’une politique plus large de contrôle des locations meublées touristiques, incluant des amendes pour les propriétaires ne respectant pas les règles. Le maire adjoint chargé du logement a insisté sur l’importance de ces mesures pour préserver l’équilibre entre tourisme et habitat résidentiel, dans une ville où la pression immobilière est déjà extrême.
Des alternatives pour une gestion plus responsable des locations
Avec ces réglementations de plus en plus strictes, les propriétaires de meublés touristiques doivent s’adapter et trouver des solutions conformes aux nouvelles exigences municipales. Plusieurs alternatives existent, notamment l’accueil en personne des voyageurs ou le recours à des services de conciergerie spécialisés.
Certaines plateformes, dont Airbnb, recommandent d’ailleurs ces pratiques et rappellent que l’installation de boîtes à clés dans l’espace public est illégale. La plateforme a affirmé qu’elle n’avait "aucune tolérance" envers cette pratique et encourage les hôtes à respecter les réglementations locales pour éviter des sanctions.
L’interdiction progressive des boîtes à clés dans plusieurs grandes villes françaises témoigne de la volonté des municipalités de mieux encadrer le phénomène des locations touristiques et d’en limiter les dérives. Cette dynamique, déjà observée dans d’autres pays européens comme l’Espagne ou l’Italie, risque de se généraliser à d’autres villes françaises confrontées aux mêmes enjeux.