Mais pourquoi sont-elles aussi saturées ?
L'une des principales pistes à explorer pour tenter de comprendre ce phénomène est liée à un autre secteur de l'immobilier, l'achat / vente. On le sait en effet, les prix flambent depuis plusieurs mois maintenant, presque à la même vitesse que les taux d'intérêt grimpent. Résultat : les refus d'accord de prêts affluent, et les dossiers refluent. De nombreux français peinent ainsi à accéder à la propriété en ces temps incertains. Un contexte dont l'effet colatéral est un parc locatif immobile, presque totalement stagnant. Puisque les accédants à la propriété ne peuvent acheter, ils restent en location dans leur logement. Le marché est sclérosé et, par conséquent, devient saturé pour cause de manque de biens disponibles, alors que la demande est quant à elle toujours présente.
En parallèle, la construction de logements sociaux est elle aussi en pénurie, et loin d'atteindre les objectifs du gouvernement. Pour résumer : un parc social réduit à peau de chagrin au regard des besoins et un parc privé plus qu'encombré. D'où cette saturation qui tend à s'installer durablement, au grand dam des français qui se retrouvent coincés dans leurs projets, et des agences immobilières qui n'ont rien, ou si peu, à proposer.
Un autre élément vient expliquer cette situation inédite. Les dispositions fiscales mises en place par l'exécutif incitent désormais les investisseurs à privilégier d'autres secteurs que celui de l'immobilier locatif. L'immobilier locatif ne paie plus, il ne plaît plus. Raison pour laquelle si peu de bâtiments neufs sont sortis de terre ces derniers mois. Saturation du marché locatif : deuxième acte.
La location étudiante, l'autre point noir de l'immobilier
Citons également, sur fond de diminution du pouvoir d'achat, l'attrait grandissant des français pour la mise en location courte durée de leurs biens immobiliers, au détriment des locations traditionnelles. Des sites tels que Airbnb ont en effet les faveurs des propriétaires, pour qui le fait de louer un bien à la nuitée se révèle plus lucratif à terme. Et un revenu complémentaire loin d'être négligeable.
Enfin, depuis le 1er janvier 2023, l'interdiction de louer des logements énergivores a beau être louable et partir d'une bonne intention, il n'en demeure pas moins qu'elle impacte là encore le marché locatif. Voilà pour le décor.
Si les ménages sont évidemment les premiers à subir cette situation et cette pénurie de biens à louer, les étudiants sont eux aussi confrontés à cette disette des logements locatifs. Une pénurie qui dure et complexifie la rentrée des centaines de milliers d'étudiants contraints de se loger loin du domicile familial pour suivre leurs études.
La situation est donc identique pour toutes les grandes métropoles françaises. D'autant plus que le nombre d'étudiants est quant à lui à la hausse, avec une nette augmentation des étudiants étrangers, nécessitant impérativement un logement. Et pour les chanceux qui parviennent à trouver un studio à louer, gare au prix du loyer, qui égale parfois des sommes exorbitantes ! Un cercle vicieux qui conduit un nombre important d'étudiants à des situations de précarité, avec une difficulté à se loger mais aussi à se nourrir.
Lyon, Bordeaux, Nantes, Rennes, Toulouse... même refrain. Marché locatif saturé, et rentrée compliquée. À Strasbourg par exemple, si le nombre d'étudiants reste à peu près le même qu'en 2022, le nombre de logements disponibles est en revanche en très nette baisse. On estime en effet qu'il manque 10 000 logements locatifs pour accueillir les quelques 60 000 étudiants de l'Université de Strasbourg.
Et les solutions à la location dans tout ça ?
Même chose à Marseille, où le soleil et la mer ont séduit de nombreux parisiens à la suite du confinement de 2020. Le site Bien'Ici révèle ainsi, pour France3 régions, que la cité phocéenne, deuxième ville française la plus peuplée, ne compte que 180 studios disponibles. Difficile dans ce contexte d'imaginer en effet pouvoir loger l'ensemble des étudiants en cette rentrée scolaire. Lille connaît la même pénurie, et aura vraisemblablement du mal à loger ses 200 000 étudiants en ce début d'année universitaire.
Dans toute situation, qui dit problème dit solution. Mais justement, quelles solutions est-il possible de mettre en œuvre pour faire face à cet engorgement aux multiples causes, et aux innombrables répercussions ? Encourager l'investissement locatif fait partie des solutions susceptibles de relancer le marché et résoudre une partie du problème. Etre créatif est certainement un autre filon à creuser. Ce qu'encourage notamment à faire le Président de l'Université de Strasbourg, Michel Deneken, qui propose quant à lui de subventionner les logements en co-location. Ce qui aurait pour effet, outre d'accroître l'offre locative, de favoriser le lien social entre les étudiants et de rompre l'isolement et la solitude.
Tout