Introduction
L'équation « grandes villes = pollution » est malheureusement bien connue de tous et applicable à tous les pays. On estime en effet que 70% des gaz à effet de serre sont émis par les grandes villes. Si la démographie et la circulation automobile y sont évidemment pour beaucoup, l'implication des politiques joue un rôle essentiel pour préserver l'environnement et offrir une qualité de vie optimale.
À Paris...
Anne Hidalgo, maire de Paris et présidente du C40 (Cities Climate Leadership Group), réunissant les maires de 91 villes à travers le monde parmi les plus investies dans la lutte pour la défense du climat, a choisi de faire de cette cause et de la qualité de vie des parisiens l'un des chevaux de bataille de son mandat. A ce titre, la maire de la capitale, à l'image de ses confrères engagés dans le défi du C40, poursuit l'objectif « zéro émissions » en 2030. Et parmi les mesures envisagées par Mme Hidalgo, l'interdiction de la circulation des véhicules à essence n'est pas sans susciter de vives réactions de la part des usagers et des professionnels du secteur automobile. D'autant plus que cette annonce survient après celle concernant l'interdiction des véhicules diesel en 2024. Toutefois, plus qu'une interdiction des véhicules dits thermiques, c'est un véritable plan climat qui est en train d'être élaboré pour être soumis aux parisiens au printemps 2018. Les mesures d'Anne Hidalgo visent ainsi à accompagner les parisiens et les acteurs économiques vers une transition écologique nécessaire.
Velib', Autolib' et Belib', ou l'essor des véhicules électriques et du libre service
Parmi les mesures de ce plan climat, le développement des zones de circulation limitées à 30, l'encouragement à utiliser la vélo ou le renforcement des modes de transport collectif peuvent générer de réels bénéfices. L'incitation à l'utilisation de l'énergie solaire, avec notamment la mise en place du « cadastre solaire » indiquant l'ensoleillement moyen des toits parisiens et ainsi les zones les plus pertinentes pour tirer profit du potentiel solaire de la capitale, constitue aussi une mesure potentiellement efficace. Paris pourrait également voir prochainement la mise en place de parkings relais, ainsi que de nouvelles solutions de co- voiturage et de co-working. A noter aussi l'installation en janvier 2016 des Belib', ces bornes de recharge pour les véhicules électriques, présentes à ce jour dans toute la capitale avec un réseau de 60 stations. Quant aux désormais célèbres et incontournables Vébib', ces vélos en libre service pour se déplacer dans la métropole, ils sont eux aussi au cœur du plan climat et verront leur nombre en nette augmentation dans les années à venir. On devrait ainsi trouver bientôt deux fois plus de Vélib' à Paris, dont 30% à assistance électrique pour circuler sans le moindre effort. De nouvelles stations verront également le jour dans certaines villes en périphérie de la capitale. Enfin, déclinaison du Vélib' en quatre roues, le dispisitif Autolib' permet d'utiliser des véhicules électriques en libre service.
… et à Nantes
La cité des Ducs de Bretagne, désignée capitale verte européenne en 2013 par la Commission européenne, est engagée depuis plusieurs années dans la préservation de l'environnement, et est particulièrement soucieuse d'offrir à ses citoyens un cadre de vie sain et... « vert » donc. Un Plan Climat a ainsi été adopté en 2007, visant à diminuer de moitié les émissions de CO2 par habitant d'ici à 2030, et constitue l'une des actions majeures initiées par la ville dans le cadre de la transition écologique. Traversée par le plus long fleuve de France, la Loire, et l'un de ses affluents, l'Erdre, Nantes accorde également une large place à la nature ; ce qui lui vaut d'être une ville « verte et bleue ». La capitale de l'Ouest peut par ailleurs s'enorgueillir d'être la seule ville européenne à posséder une zone naturelle Natura 2000 en centre-ville. Sur 16 hectares, la Petite Amazonie est en effet un endroit où la nature est préservée et permet aux citadins de respirer et de se retirer aisément de l'agitation citadine. La ville compte également pas moins de 100 000 arbres, environ 3 hectares de surfaces fleuries et 100 parcs et jardins.
L'eau, l'air, le vert et le soleil
Quant aux 1 050 hectares d'espaces verts publics, leur gestion est assurée sans produits phytosanitaires. Les cyclistes ont aussi de quoi se réjouir avec les quelques 485 kilomètres de voies cyclables réparties sur Nantes et l'agglomération, ainsi que les Bicloos, les vélos nantais en libre-service accessibles dans 42 stations réparties tous les 300 mètres. 2 500 vélos devraient ainsi pouvoir circuler à Nantes d'ici 2020, de quoi fluidifier de façon considérable la circulation, assainir l'air et apaiser les esprits. Concernant le logement, c'est un programme ambitieux d'isolation et de réhabilitation qui a été mis en place récemment, poursuivant l'objectif de renforcer le confort des occupants des logements concernés mais aussi de réduire la facture énergétique et l'impact sur l'environnement. L'énergie solaire est à ce titre particulièrement plébiscitée ; un parc photovoltaïque aménagé sur l'Ile de Nantes produit ainsi 190 000 kWh/an, soit l'énergie de 72 ménages. Autre exemple d'utilisation de l'énergie solaire : la centrale de 4 000 m2 installée sur le toit du stade d'athlétisme couvert réalisé en 2013. C'est donc une politique globale de développement durable, mise en oeuvre il y a maintenant vingt ans, que poursuit la métropole nantaise. Qualité de l'air, gestion de l'eau et des déchets, surface « verte » par habitant ou encore diminution des émissions de gaz à effet de serre sont ainsi quelques-uns des points principaux auxquels la municipalité accorde toute son attention dans la mise en place de mesures environnementales.
À Marseille
À Marseille, les élus mettent l'accent sur la qualité de l'eau et ont décidé à ce titre de consacrer un budget important à la réalisation de travaux sur les réseaux d'assainissement. Un contrat a ainsi été signé entre la municipalité et l'agence de l'eau Rhône, Méditerranée et Corse, lequel prévoit un budget de 185 millions d'euros destiné à optimiser le fonctionnement de l'assainissement dans la métropole entre 2014 et 2018. Parmi les opérations réalisées ou en cours de réalisation, notons la construction de cinq bassins de rétention d'eau, la fermeture des boîtes de lavage et la mise en place de pompes à eaux grises dans les ports du territoire marseillais ; diverses actions de préservation et de réhabilitation du milieu naturel avec notamment la mise en place de stations d’alerte sur le littoral ainsi que les cours d’eau, ou encore la sécurisation et la réhabilitation de plusieurs postes de relevage et de collecteurs. Cet important plan d'action vise à améliorer la qualité de l'eau pour le confort des marseillais, mais ambitionne également à sauvegarder et embellir le littoral méditerranéen, élément phare de l'image du territoire au niveau national et international. Toujours dans cette optique, la ville s'engage par ailleurs à renforcer sa mission de diagnostic et de contrôle des installations d'assainissement non raccordées au réseau public.
Et Bordeaux ?
Ville en pleine expansion depuis quelques années maintenant, Bordeaux a fait le choix de conjuguer développement économique et préservation de l'environnement, proposant ainsi un avenir durable à ses habitants. A ce titre, et dans le cadre du conséquent projet d'aménagement urbain Euratlantique mené depuis 2010, la municipalité a mis en place un certain nombre de mesures destinées à réduire la consommation et l'empreinte énergétique. Parmi ces mesures, citons notamment la création de plusieurs éco-quartiers ; la construction en 2012 d'une centrale solaire sur 20 hectares comprenant 60 000 panneaux ; l'intégration d'espaces naturels dans la ville (à ce jour, Bordeaux compte pas moins de 55 000 hectares d'espaces verts), sans oublier la mise en place d'un projet d'envergure, l'écosystème Darwin, vitrine de l'engagement de la ville pour une transition énergétique réussie. Ce projet, réalisé sur une ancienne caserne militaire d'environ 20 000 m2 située rive droite, consiste tout simplement en la création d'une « mini ville » idéale, sorte de lieu alternatif où tout a été étudié pour préserver l'environnement de façon ludique et esthétique, avec le souci d'offrir un cadre agréable pour venir faire ses courses, boire un verre, travailler ou encore exprimer son talent artistique. Dans l'écosystème Darwin, on trouve ainsi le plus grand restaurant bio de l'hexagone, Le Magasin Général, mais aussi une « cantine » (le Bistrot réfectoire) ainsi que Les chantiers de la Garonne, un bar où l'on vient siroter un verre les pieds dans le sable et déguster des fruits de mer avec une vue sur le fleuve et la ville. Enfin, l'écosystème Darwin, c'est le Hangar, un lieu dédié à la culture urbaine avec notamment un skate park construit à partir de matériaux de récupération, ainsi que des espaces de co-working. C'est pour toutes ces raisons que Bordeaux fait figure d'exemple en matière d'implication environnementale et est considérée par les français comme l'une des villes les plus attractives du pays.
Qu'en est-il de Lille ?
Investie dans une démarche environnementale destinée à offrir aux lillois un cadre de vie agréable et respectueux, Lille, sous l'impulsion de Martine Aubry, multiplie les actions et la mise en place de mesures. Un vaste plan d'économie d'énergie a ainsi été initié, se traduisant par la rénovation de bâtiments municipaux en mettant l'accent sur l'utilisation des énergies renouvelables. Résultat de ce programme : 15 bâtiments communaux et deux restaurants scolaires sont à ce jour autonomes en énergie. Des éco-quartiers et des logements durables ont également vus le jour à Lille, de même que la ferme urbaine de Saint Sauveur. Le principe de cette ferme ? Un potager collectif aménagé à la gare Saint Sauveur et mis à disposition des lillois pour venir y cultiver leurs légumes (de préférence des légumes anciens voire oubliés) à partir de graines non hybrides. La municipalité a par ailleurs créé 10 kilomètres de pistes cyclables et mis en place un certain nombre de mesures afin d'encourager une mobilité douce et verte. A noter que l'ancienne capitale européenne de la culture n'entend pas s'arrêter là et prévoit d'autres projets visant à réussir la transition énergétique. Ainsi, désireuse d'encourager l'essor des véhicules électriques, Lille va installer 38 bornes électriques prochainement. Outre Saint Sauveur, d'autres projets misant sur l'intégration de l'agriculture en milieu urbain sont sur le point de voir le jour. Un quartier dit « à santé positive » va être lancé au faubourg de Béthune. La municipalité souhaite aussi réduire la vitesse sur le périphérique de 90 à 70 km/h ; augmenter la part de bio dans les cantines ; augmenter le nombre de sites de compost ou encore limiter les émissions de gaz à effet de serre liées à la circulation automobile (projet Meet Pampa). A noter par ailleurs que, depuis le 1er janvier 2017, l'utilisation des pesticides pour entretenir les espaces verts, les forêts et autres circuits de promenades ouverts au public est interdite partout en France ; cette mesure s'inscrivant dans le cadre de la loi de transition énergétique. A ce jour, plusieurs communes ont déjà renoncé à l'usage de ces produits phytosanitaires chimiques particulièrement nocifs pour l'environnement, à l'image notamment de Paris, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Rennes, Nantes..., cela alors que même que l'Europe vient tout juste de reporter sa décision sur la poursuite de l'utilisation du glyphosate dans le milieu agricole.