Vers une responsabilisation individuelle et collective
Le Plan eau, tout juste dévoilé il y a quelques semaines par Emmanuel Macron, propose 53 propositions destinées à protéger la ressource en eau dans l'hexagone et améliorer sa gestion d'ici 2030. Car les villes et les collectivités n'ont aujourd'hui plus d'autre choix que d'agir et d'encourager les pratiques vertueuses. Si le Plan eau prévoit une généralisation de la tarification progressive de l'eau dans les années à venir, certaines communes n'ont pas attendu et l'ont déjà mise en pratique depuis quelque temps déjà. C'est le cas par exemple de Rennes ou Dunkerque, où cette mesure est expérimentée depuis respectivement 2016 et 2012. Le principe ? Plus les usagers consomment, plus le tarif augmente. Objectif : responsabiliser chacun sur sa consommation et, à terme, engager une réduction significative de celle-ci.
D'autres communes ont quant à elle déjà frôlé le redouté et redoutable “day zero”, ce seuil extrêmement critique où le niveau des réserves en eau d'un territoire est quasiment nul. En 2006, la région des Deux-Sèvres et plus exactement l’agglomération niortaise a eu chaud, très chaud même, alors que ses réserves étaient à leur niveau le plus bas. Une situation inédite ayant nécessité des mesures exceptionnelles de restriction de distribution de l’eau.
Les pouvoirs publics jouent un rôle majeur en impulsant des pratiques vertueuses et respectueuses de la ressource en eau au sein des territoires. Et en invitant la population à faire de même afin de tendre vers une utilisation raisonnée de la ressource en « or bleu ». Dans les Pyrénées-Orientales, département placé en « état d'alerte renforce » par le BRGM, le préfet a mis en place des mesures de restriction, en vigueur jusqu'à la fin avril dans un premier temps. Les particuliers ont ainsi l'interdiction d'arroser leurs pelouses, de remplir leurs piscines et de laver leurs véhicules chez eux. Quant aux collectivités locales, elles sont également concernées par l'interdiction d'arrosage, des espaces verts et des stades. Le nettoyage de la voirie et des terrasses à renfort d'eau est lui aussi prohibé jusqu'à la levée de l'arrêté préfectoral.
Les défis urbains de demain
Il est vrai qu'avec ses nombreux fleuves et rivières, la France pourrait se sentir privilégiée et protégée de pénuries durables en eau. Reste qu'en dépit des apparences, le déficit hydrique s'étend sur environ un tiers du territoire national, avec un point de vigilance majeur dans la région du Sud-Ouest. Le réchauffement climatique n'est évidemment pas étranger à la situation : l'augmentation des températures génère en effet une hausse de l'humidité dans l’air... à défaut de réserves dans la terre.
Pour faire face, Nice a choisi de faire la chasse aux fuites et aux pertes, afin de limiter au maximum le gaspillage d'eau. Plutôt que de rénover l'ensemble des réseaux, chantier aussi titanesque qu'interminable, l'attention est portée sur la détection et la réparation des endroits générant des déperditions d'eau. Pour ce qui est des « pertes » impactant lourdement la consommation d'eau, la métropole Nice Côte d'Azur envisage l'installation de réducteurs de pression automatiques intelligents destinés à réduire le débit la nuit, là où les besoins sont moindres.
Au-delà des initiatives et des actions visant à réduire l'usage de l'eau, les villes ont la possibilité d'agir en prenant en compte l'aménagement de leurs territoires. La ville de demain doit désormais être pensée en conjuguant bien-être des habitants et préservation des réserves d'eau. Ces défis, à la fois écologiques, économiques et humains, relèvent plus que jamais d'une urgence indiscutable.
Près de Toulouse, Blagnac a choisi de miser sur la création d'un écoquartier, Andromède, à savoir un quartier conjuguant logements, services, commerces et hautes exigences environnementales. Près d'un tiers de ce site, soit 70 hectares, est à ce titre dédié aux espaces verts, avec environ 12 000 arbres plantés. Cette initiative verte vise à contenir l'eau dans le sol et préserver ainsi la désormais si précieuse nappe phréatique.
Au regard du contexte climatique global actuel, il va de soi que les mesures réglementaires vont de pair avec une prise de conscience de la population. Cela implique par conséquent une responsabilisation dans les actes du quotidien, mais également une remise en question de nos modes de vie et de consommation.